Citations de Marcel Proust (courtes)
Le souvenir d'une certaine image n'est que le regret d'un certain instant.
Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux.
Il n'y a pas de réussite facile ni d'échecs définitifs.
La lecture est une amitié.
Soyons reconnaissants aux personnes qui nous donnent du bonheur ; elles sont les charmants jardiniers par qui nos âmes sont fleuries.
Il est doux à tout âge de se laisser guider par la fantaisie.
Savoir qu'on n'a plus rien à espérer n'empêche pas de continuer à attendre.
Laissons les jolies femmes aux hommes sans imagination !
Il vaut mieux ne pas savoir, penser le moins possible, ne pas fournir à la jalousie le moindre détail concret.
Le seul véritable voyage n'est pas d'aller vers d'autres paysages, mais d'avoir d'autres yeux.
Autrui nous est indifférent et l'indifférence n'incline pas à la méchanceté.
L'été se marque non moins par ses mouches et moustiques que par ses roses et ses nuits d'étoiles...
Les plats se lisent et les livres se mangent.
Il vaut mieux rêver sa vie que la vivre, encore que la vivre, ce soit encore la rêver.
Les enfants ont toujours une tendance soit à déprécier, soit à exalter leurs parents.
Nous sommes tous obligés, pour rendre la réalité supportable, d'entretenir en nous quelques petites folies.
La lecture est au seuil de la vie spirituelle ; elle peut nous y introduire : elle ne la constitue pas.
Le véritable voyage ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux.
Le sommeil est comme un second appartement que nous aurions et où, délaissant le nôtre, nous serions allés dormir.
On n'aime que ce qu'on ne possède pas tout entier.
L'amour, c'est l'espace et le temps rendus sensibles au coeur.
Un mariage d'amour, c'est-à-dire fait par amour, y serait considéré comme une preuve de vice.
L'instinct dicte le devoir et l'intelligence fournit des prétextes pour l'éluder.
Le plaisir de l'habitude est souvent plus doux encore que celui de la nouveauté.
Le nez est généralement l'organe où s'étale le plus aisément la bêtise.
Le moi profond reste le meilleur des masques antirides.
Notre amour de la vie n'est qu'une vieille liaison, dont nous ne savons pas nous débarrasser.
On n'aime plus personne dès qu'on aime.
Dans une langue que nous savons, nous avons substitué à l'opacité des sons la transparence des idées.
Nous n'arrivons pas à changer les choses suivant notre désir, mais peu à peu notre désir change.
Que de bonheurs possibles dont on sacrifie ainsi la réalisation à l'impatience d'un plaisir immédiat.
L'idée qu'on mourra est plus cruelle que mourir, mais moins que l'idée qu'un autre est mort.
Les oeuvres, comme dans les puits artésiens, montent d'autant plus haut que la souffrance a plus creusé le coeur.
En amour, il est plus facile de renoncer à un sentiment que de perdre une habitude.
Ne pas la comprendre n'a jamais fait trouver une plaisanterie moins drôle.
Nous tenons de notre famille aussi bien les idées dont nous vivons que la maladie dont nous mourrons.
Le regret est un amplificateur du désir.
Par l'art seulement nous pouvons sortir de nous-mêmes.
Aimer ses parents c'est prendre sur soi, agir par sa volonté pour leur faire plaisir.
L'audace réussit à ceux qui savent profiter des occasions.
La vraie beauté est si particulière, si nouvelle, qu'on ne la reconnaît pas pour la beauté.
Un livre est un grand cimetière où, sur la plupart des tombes, on ne peut plus lire les noms effacés.
Il n'y avait pas d'anormaux quand l'homosexualité était la norme.
Ce qu'il y a d'admirable dans le bonheur des autres, c'est qu'on y croit.
Ce n'est pas à un autre homme intelligent qu'un homme intelligent aura peur de paraître bête.
On déteste ce qui nous est semblable, et nos propres défauts vus du dehors nous exaspèrent.
Ce qui rapproche, ce n'est pas la communauté des opinions, c'est la consanguinité des esprits.
La constance d'une habitude est d'ordinaire en rapport avec son absurdité.
La souffrance dans l'amour cesse par instants, mais pour reprendre d'une façon différente.
L'adolescence est le seul temps où l'on ait appris quelque chose.
L'irresponsabilité aggrave les fautes.
Sous toute douceur charnelle un peu profonde, il y a la permanence d'un danger.
Les maximes les plus profondes sont celles où la pensée semble la plus indépendante des mots et de leur aménagement.
Un même fait porte des rameaux opposites et le malheur qu'il engendre annule le bonheur qu'il avait causé.
Les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus.
On pardonne les crimes individuels, mais non la participation à un crime collectif.
Une oeuvre où il y a des théories est comme un objet sur lequel on laisse la marque du prix.
Le chagrin est égoïste, et ne peut recevoir de remède de ce qui ne le touche pas.
L'instinct d'imitation et l'absence de courage gouvernent les sociétés comme les foules.
Le désir fleurit, la possession flétrit toutes choses.
On ne supporte pas toujours bien les larmes qu'on fait verser.
En réalité, chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même.
On ne connaît pas son bonheur. On n'est jamais aussi malheureux qu'on croit.
Les années heureuses sont les années perdues, on attend une souffrance pour travailler.
On peut tout ce qui ne dépend que de notre volonté.
Pour une femme tout événement, même un deuil, se termine par un essayage.
Il n'y a guère que le sadisme qui donne un fondement dans la vie à l'esthétique du mélodrame.
Le témoignage des sens est, lui aussi, une opération de l'esprit où la conviction crée l'évidence.
Il est vraiment rare qu'on se quitte bien, car si on était bien, on ne se quitterait pas.
On ne guérit d'une souffrance qu'à condition de l'éprouver pleinement.
Que de bonheurs possibles dont on sacrifie la réalisation à l'impatience d'un plaisir immédiat.
Nous pouvons causer pendant toute une vie sans rien dire que répéter indéfiniment le vide d'une minute.
Les jours sont peut-être égaux pour une horloge, mais pas pour un homme.
Les beautés qu'on découvre le plus tôt sont aussi celles dont on se fatigue le plus vite.
Une parole de celle que nous aimons ne se conserve pas longtemps dans sa pureté ; elle se gâte, se pourrit.
Nous sommes attirés par toute vie qui nous représente quelque chose d'inconnu, par une dernière illusion à détruire.
La jeunesse une fois passée, il est rare que l'on reste confiné dans l'insolence.
On devient moral dès qu'on est malheureux.
Nous disons la mort pour simplifier, mais il y en a presque autant que de personnes.
Le bonheur est salutaire pour le corps, mais c'est le chagrin qui développe les forces de l'esprit.
La possession de ce qu'on aime est une joie plus grande encore que l'amour.
L'amour le plus exclusif pour une personne est toujours l'amour d'autre chose.
L'art véritable n'a que faire de proclamations et s'accomplit dans le silence.
Le mal seul fait remarquer et apprendre et permet de décomposer les mécanismes que sans cela on ne connaîtrait pas.
Toute action de l'esprit est aisée si elle n'est pas soumise au réel.
Ce qu'on appelle se rappeler un être est en réalité l'oublier.
Dans l'homme le plus méchant, il y a un pauvre cheval innocent qui peine.
Les femmes sont les instruments interchangeables d'un plaisir toujours identique.
Notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres.
On aime toujours un peu à sortir de soi, à voyager, quand on lit.
Le sens critique est soumission à la réalité intérieure.
L'amour, même en ses plus humbles commencements, est un exemple frappant du peu qu'est la réalité pour nous.
C'est toujours l'attachement à l'objet qui amène la mort du possesseur.
Les passions sont comme des bibliothèques où le vulgaire séjourne sans connaître les trésors qu'elles contiennent.
A partir d'un certain âge, nos amours, nos maîtresses sont filles de notre angoisse.
On peut quelquefois retrouver un être mais non abolir le temps.
Pour le baiser nos narines et nos yeux sont aussi mal placés que nos lèvres mal faites.
L'ambition enivre plus que la gloire.
On refuse dédaigneusement, à cause de ce qu'on aime aujourd'hui, de voir ce qu'on aimera demain.
Rien n'est plus limité que le plaisir et le vice.