Citations de Milan Kundera (courtes)
Qui cherche l'infini n'a qu'à fermer les yeux.
L'optimiste est l'opium du genre humain ! L'esprit saint pue la connerie.
Pour qu'un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s'y rejoignent dès le premier instant.
La mort devient réelle quand elle commence à pénétrer à l'intérieur de l'homme par les fissures du vieillissement.
Le plus grand malheur de l'homme, c'est un mariage heureux. Aucun espoir de divorce.
Le roman est une méditation sur l'existence vue au travers de personnages imaginaires.
Le souci de sa propre image, voilà l'incorrigible immaturité de l'homme.
La sensualité, c'est la mobilisation maximale des sens : on observe l'autre intensément et on écoute ses moindres bruits.
Rien de plus inutile que de vouloir prouver quelque chose aux imbéciles.
Les métaphores sont dangereuses. L'amour commence par une métaphore.
L'amour commence à l'instant où une femme s'inscrit par une parole dans notre mémoire poétique.
La religion et l'humour sont incompatibles.
La valeur d'un hasard est égale à son degré d'improbabilité.
Ce ne sont pas les ennemis, mais les amis qui condamnent l'homme à la solitude.
Le sens de la vie c'est justement de s'amuser avec la vie.
Les enfants sont sans passé et c'est tout le mystère de l'innocence magique de leur sourire.
On désire toujours, par dessus tout, l'inaccessible, avec avidité.
Le sexe n'est pas l'amour, ce n'est qu'un territoire que l'amour s'approprie.
Que pouvons-nous demander de plus que d'être heureux un instant ?
La mémoire du dégoût est plus grande que la mémoire de la tendresse !
Rien n'est plus humiliant que de ne pas trouver de réponse cinglante à une attaque cinglante.
L'homme désire l'éternité mais il ne peut avoir que son ersatz : l'instant de l'extase.
C'est dans les dossiers des archives de la police que se trouve notre seule immortalité.
La mémoire ne filme pas, la mémoire photographie.
Le piège de la haine, c'est qu'elle nous enlace trop étroitement à l'adversaire.
La nostalgie du Paradis, c'est le désir de l'homme de ne pas être homme.
La beauté est l'abolition de la chronologie et la révolte contre le temps.
On ne veut être maître de l'avenir que pour pouvoir changer le passé.
Les originaux ont une assez belle vie quand ils réussissent à faire respecter leur originalité.
Solitude : douce absence de regards.
La musique c'est la négation des phrases, la musique c'est l'anti-mot !
Personne n'est plus insensible que les gens sentimentaux.
Mais qu'est-ce que "être sérieux" ? Est sérieux celui qui croit à ce qu'il fait croire aux autres.
Il n'est rien comme la jalousie pour absorber un être humain tout entier.
La vitesse est la forme d'extase dont la révolution technique a fait cadeau à l'homme.
Le lyrisme est une ivresse et l'homme s'enivre pour se confondre plus facilement avec le monde.
Trahir, c'est sortir du rang et partir dans l'inconnu.
Le sentiment d'amour nous abuse tous par une illusion de connaissance.
Rien, en effet, n'exige plus d'effort de pensée que l'argumentation destinée à justifier la non-pensée.
La lutte de l'homme contre le pouvoir, c'est la lutte de la mémoire contre l'oubli.
Ne pouvoir vivre qu'une vie, c'est comme ne pas vivre du tout.
Dans le jeu on n'est pas libre, pour le joueur le jeu est un piège.
Un amour excessif est un amour coupable.
Les amours sont comme les empires : que disparaisse l'idée sur laquelle ils sont bâtis, ils périssent avec elle.
On a tous tendance à voir dans la force un coupable et dans la faiblesse une innocente victime.
Le bruit a un avantage. On ne peut pas y entendre les mots.
L'amour ne peut pas être risible. L'amour n'a rien de commun avec le rire.
Lorsqu'une femme ne vit pas suffisamment avec son corps, le corps finit par lui apparaître comme un ennemi.
Etre possédé par l'actualité, c'est être possédé par l'oubli.
Celui qui ne se soucie pas du but, ne demande pas où il va !
L'unité de l'humanité signifie : personne ne peut s'échapper nulle part.
Le romancier n'est ni historien ni prophète : il est explorateur de l'existence.
Imprimer la forme à une durée, c'est l'exigence de la beauté mais aussi celle de la mémoire.
Tout mouvement politique est fondé sur le kitsch, sur la volonté de séduire.
La laideur de l'homme c'est la laideur des vêtements.
Ceux qui gaspillent leur sensibilité à tort et à travers n'en ont plus quand il faut en avoir.
Danser dans une ronde est magique ; la ronde nous parle depuis les profondeurs millénaires de la mémoire.
Seule une très grande intelligence est capable d'insuffler un sens logique aux idées insensées.
Rien ne me répugne comme lorsque les gens fraternisent parce que chacun voit dans l'autre sa propre bassesse.
L'excitation est le fondement de l'érotisme, son énigme la plus profonde, son mot-clé.
L'homme compense le poids du mal dont on lui a écrasé l'échine par la masse de sa haine.
Le roman est le fruit d'une illusion humaine. L'illusion de pouvoir comprendre autrui.
La parodie n'est-elle pas le destin éternel de l'homme ?
La seule raison d'être du roman est de dire ce que seul le roman peut dire.
Le roman doit détruire les certitudes.
Le plus grand plaisir, c'est d'être admiré.
Le sondage est devenu une sorte de réalité supérieure ; ou pour le dire autrement, il est devenu la vérité.
Enfant : existence sans biographie.
Les amants ont toujours un comportement illogique.
Le romancier apprend à ses lecteurs à comprendre le monde comme une question.
Dans un monde bâti sur des sacro-saintes certitudes, le roman est mort.
"Je pense, donc je suis" est un propos d'intellectuel qui sous-estime les maux de dents.
Trop de suspense dans un livre et il se consume et se consomme.
L'homme en proie au malheur cherche une consolation dans l'amalgame de sa peine à la peine d'autrui.
Les destinées humaines sont entre elles soudées d'un ciment de sagesse.
Comme on est sans défense devant la flatterie !
Le droit intangible du romancier, c'est de pouvoir retravailler son roman.
Le romancier doit montrer le monde tel qu'il est : une énigme et un paradoxe.
Toute mystique est outrance.
L'amour physique est impensable sans violence.
Les femmes ne recherchent pas le bel homme. Les femmes recherchent l'homme qui a eu de belles femmes.
Les croyants ont un sens aigu de la mise en scène des miracles.
Il y a des idées qui sont comme un attentat.
Musique : une pompe à gonfler l'âme.
Qui se venge aujourd'hui se vengera aussi demain.
Les grands romans sont toujours un peu plus intelligents que leurs auteurs.
Celui qui est absolument aimé ne peut être misérable.
Le présent, ce point invisible, ce néant qui avance lentement vers la mort.
L'amour est une interrogation continuelle.
Quand on tue de grands rêves il coule beaucoup de sang.
Beaucoup de gens, peu d'idées, et comment faire pour nous différencier les uns des autres ?
Une impasse est le lieu de mes plus belles inspirations.
Et si l'Histoire plaisantait ?
Si tout homme avait la possibilité d'assassiner clandestinement et à distance, l'humanité disparaîtrait en quelques minutes.